Monday, January 28, 2013

 

Juste un petit film pour la soirée, en français en plus.


HERVE BAZIN – VIPERE AU POING – PHILIPPE DE BROCA

Voilà un film qui ne fera pleurer personne dans les chaumières, s’il y en a encore quelques unes, en Vendée. Une famille descendant de la noblesse terrienne d’antan nous raconte ses horreurs familiales. Le seigneur plus hobereau que seigneur titré a épousé, sous contrat de séparation de biens, la fille d’un riche sénateur qui est une véritable mère fouettarde, fouette d’abord et pose des questions après. Le père ne fait rien puisqu’il vit de ses terres que d’autres cultivent et la mère ne fait rien puisqu’elle est riche.

Le portrait de ces deux parents désœuvrés, même de bonnes œuvres, et de la mère qui n’a qu’une seule distraction dans la vie, faire souffrir et torturer ses deux premiers fils qu’elle avait laissés derrière chez leur grand-mère paternelle pendant qu’elle allait courir le Vietnam où elle aura un autre fils d’un beau jeune homme à Saigon qui ne survit que comme une vague silhouette dans une photo, est un portrait cruel pour cette classe de gens qui ne savent rien faire de leurs dix doigts ou de leurs quatre mains, pardon deux mains chacun.

Le fils cadet des deux restés derrière va prendre sa mère en grippe et elle va le prendre en chantage permanent. C’est purement écœurant de voir à quel niveau de bassesse cette mère peut tomber dans sa puissance fondée sur l’argent qu’elle a et que son mari n’a pas, ce qui le dessaisit de tout pouvoir.

Si le film montre quelque chose c’est que la haine est la meilleure conseillère de ceux qui ont peur parce qu’ils sont faibles ou se croient faibles. L’instinct de survie prend alors le relais de toute autre émotion ou de tout autre sentiment et l’enfant devient une machine à rendre coup pour coup et les coups sont toujours bas. Et étrangement c’est l’enfant qui trouve le moyen de défaire sa propre mère en envahissant la résidence dans le 16ème à Paris de son sénateur de grand père qui impose la paix par la mise en pension de l’enfant récalcitrant mais qui ne veut que cela pour échapper à jamais à son démon de mère.

L’ennui dans ce film c’est qu’il n’y a aucune attente ou surprise de quoi que ce soit. C’est la victime des exactions de la mère qui raconte en voix off l’histoire de cette rivalité. Il est donc vivant, elle est donc morte, ou presque, en tout cas il lui a survécu et on le sait depuis la première image. C’est dommage car cela tue le suspense que tout film devrait avoir même quand il s’agit d’une harpie maternelle qui ne l’est, nous explique le narrateur, que parce qu’elle fut totalement négligée par ses propres parents. En mère elle se venge sur ses propres fils qu’elle a eu de son mari, et elle est plus ou moins aimable avec le troisième fils d’un autre père sans que cela ne soit officiel. Ce choix de réalisation du film fait qu’il n’y a aucune puissance affective qui peut s’exprimer dans le spectateur. Le film est un film de glace, littéralement congelé.

Je dois dire qu’en famille tordue, je préfère Mauriac. Mais Bazin est un bon second, bien que Poil de Carotte lui fait concurrence.

Dr Jacques COULARDEAU



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