Saturday, February 09, 2013

 

Emily Lady s'apprête à sortir de son placard


EMILY LADY – SOME THINGS TO SAY – MYMAJORCOMPANY LABEL – 4 MARS 2013

Le Web 2.0 et les standards MIDI et autres fabricateurs de purée virtuelle sont les maîtres absolus de notre musique aujourd’hui ce qui rend encore plus difficile de faire dans l’originalité puisque tout doit passer dans la moulinette internautique de la cybernétique totalitaire.

Alors qu’y a-t-il dans ce CD que l’on n’a pas nécessairement dans la musique bien électro de la dernière discothèque une nuit de blizzard ?

Il y a d’abord les paroles souvent amusantes d’une flexibilité lexicale et phonique qui chatouille l’oreille justement là où elle vous gratouille. La jeune fille, la dame, la jeune dame, la lady en un mot, n’hésite pas à jeter dans les textes ses phantasmes les plus manuels et charnels car les yeux ne lui suffisent pas. Comme on la comprend, mais comme on se dit que l’on pourrait facilement partager si le partage était la règle chez les Maoïstes numériques de la planète WIKI, comme s’il y avait partage quand on ne sait plus qui est à qui et quoi est à quoi ou bien tous les métis présidentiels ou pas des quoi est à qui et qui est à quoi.

Il y a ensuite les langues étrangères, ici l’espagnol, plus loin l’anglais, et encore plus loin autre chose qui ressemble à quelque chose dont je me souviens mal après toutes les années de voyage dans le monde. Il y a aussi des borborygmes buccaux qui ont des allures d’onomatopées ou de provocations d’appels et de cris qui ne sont pas toujours de ralliement. Laissez-vous héler sur les trottoirs de votre lecteur MP3. J’ai l’impression que ce monde de numérisation intégrale à bout de doigts et de chiffres, de digits comme disent les anglais, nous tient l’âme, l’esprit, le nombril, et tous les détails de son corps, de nos corps, car nous avons autant de corps que nous voulons bien virtualiser dans notre œil mental, j’ai l’impression que nous aimons tous être des arpenteurs expérimentés de ces croisettes publiques que sont nos boulevards citadins, grands ou moins grands.

Il n’y a pas plus érotique que ce qui ne l’est pas. Elle ne tient que la main de l’autre, mais est-ce seulement la main, surtout quand c’est en un anglais que l’on voudrait comprendre mais que l’on n’entend pas toujours bien que pas un mot ne manque, mais le sens n’est pas toujours contenu dans les seuls mots.

Et c’est là que la musique vous surprendra un peu, pas par ses rythmes de danse électro sinon plus encore atomique et nucléaire. Baissez les basses et montez les bruissements des ailes d’ange que sont les instruments qui sonnent comme des solos en arrière ou par-dessus. Ce sont ces instruments qui surprennent un peu car on aimerait qu’ils prennent plus de place et aient plus de présence et qu’ils ensevelissent un peu les boîtes à rythme et les batteries industrialisées du numérique à bout de nerf et branchés sur toutes nos dendrites, une maladie nouvelle qui se répand comme une trainée contagieuse tétanisée en MIDI universel.

Une autre remarque aussi serait de faire plus dans la polyrythmie afro-américaine ou afro-tout ce que vous voudrez. Il n’y a qu’un seul rythme si dominant que je ne peux pas lui échapper et m’envoler dans la transe de l’autre rythme vaudou et extatique d’une vision apocalyptique de l’aujourd’hui, qui doit porter en bière ce qui uniformise le monde d’un vent de conformité, comme si on nous avait interdit de faire l’amour avec les yeux comme avec les mains. Que diable restez dans la tradition de la pudeur castratoire et d’ailleurs castrée.

Elle est un mauvais garçon mais elle semble un peu oublier que les mauvais garçons n’aiment que les mauvais garçons et que leur force amoureuse est nécessairement partagée entre eux, sinon ils ne sont pas mauvais mais simplement des vilains canards qui se cygnent devant les églises. Les mauvais garçons ont sorti leurs monstres de tous leurs placards et dansent avec eux au milieu de la place de la Concorde entre l’obélisque et la colonne Vendôme, ou est-ce la Tour Eiffel, ,en tout cas arrosés de Bourbon de l’autre côté du pont ? Et en plus ces mauvais garçons qui ont cent monstres dans leurs placards dont ils ont fait sauter les portes vont enfin pouvoir se marier. Bonjour les dégâts créatifs même et surtout si pas procréatifs. Et cette chanson est si bien titrée comme « Kiss » un groupe qui dans le monstre à placards multiples faisait en son temps plutôt bonne figure d’autorité et de référence.

Dr Jacques COULARDEAU

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