Saturday, February 02, 2013

 

Plutôt décevant d'une fausse modernité assez guindée.


Bienvenue dans l'arrière boutique de Sganarelle, un maître sorcier en danse vaudou du ventre et du bas ventre à coup de balai et de fosse septique qui doit vous laisser sceptique sur les bords des naseaux.

ALCESTE A BICYCLETTE – FABRICE LUCHINI – LAMBERT WILSON

UN FILM AMUSANT SUR LE TON GRINÇANT.

Les acteurs, comme il est dit si bien dans le film, sont narcissiques et ne pensent qu’à et qu’avec leur nombril. Mais leur nombril a la couleur et la forme de leurs multiples personnages. Vous pouvez leur dire n’importe quoi sur eux-mêmes ils ne sont pas si touchés que cela, mais si vous attaquez un de leurs personnages ils deviennent fous furieux sans s’apercevoir que c’est du narcissisme de leur propre image virtuelle totalement fausse car ils ne sont pas leurs personnages. Mais une brique entendrait cela mieux et plus distinctement qu’un acteur. N’est sourd que qui veut bien ne pas entendre.

Ici le réalisateur veut jouer avec le Misanthrope de Molière mais sans monter le Misanthrope de Molière, sous prétexte de faire moderne, de parler au public moderne. Donc finit les alexandrins et la diction doit être de boulevard, niveau certificat d’études, d’autrefois car autrefois à ce niveau-là ils savaient encore lire, mais guère plus.  Donc finies les simagrées baroques ou classiques, les tenues droites et bien campées en accord avec la définition du personnage. Il faut aller chercher dans le passé du personnage des éléments qui le font boiter, tousser, maugréer, se noyer dans un jacuzzi, pourquoi pas ?

Ce souci de faire moderne est poussé un peu loin dans la cruauté contre les acteurs à l’ancienne et contre les acteurs à la moderne. Ils poussent même un tantinet trop loin. L’actrice moderne est une actrice porno soutenue par son amant et futur mari et qui part tout de suite pour Bucarest en Roumanie, capitale actuelle du porno mondial. On ne sera pas étonné que cette jeune fille trouve qu’une double péné- (sous entendu car on parle SMS dans cette société –tration, ne demandez pas de détails : ou faites-le sur twitter avec un message du genre : « double péné- 7 2 quoi - J ») soit un peu pénible à huit heures du matin. Je suis d’ailleurs étonné que ce film voulant faire moderne s’arrête au porno hétéro-. L’est de l’Europe est aussi un très grand centre en plein développement du porno homo- comme on disait il y a encore peu, gay pour être moderne et LGBT pour être hyper politiquement correct. La double péné- devient alors très athlétique.



Le film fait jouer les deux rôles fondamentaux à deux acteurs pris dans leur vie réelle, enfin la vie réelle de ces deux personnages sui sont acteurs dans cette vie virtuelle, et ils sont les parfaites incarnations des deux personnages : Alceste, le misanthrope et Philinte son ami. Plus gay que ces deux là y a pas, mais le film évacue une telle lecture et au contraire ajoute à ces deux amis et acteurs une italienne qui tombe pour l’un en mots émotionnels mais tombe pour l’autre sexuellement. Et c’est bien sûr Gauthier Valence, alias Dr Morange, alias Lambert Wilson qui se paie l’italienne en parfaite infidélité à son évanescente Christine de compagne, et en parfaite traitrise de son ami qui s’était pris pour la belle Italienne. Et ce fat de metteur en scène qui s’attribue le rôle principal de la pièce qu’il monte ne trouve rien de mieux que de croire que cela n’a aucune importance. La vengeance est mortelle et jusque sur la scène du Théâtre du Rond Point qui aurait pu être la Comédie Française le pauvre et traitreusement trahi Serge Tanneur, alias virtuel et potentiel Alceste, alias Fabrice Luchini trahira à son tour par un tour de passe-passe de magie vaudou son ex- ci-devant prétendu ami de toujours et le terrorisera et ridiculisera dans son intime ego antagonique et plus nombriliste que le plus narcissique de tous les nombrils du monde. Vivement que Dmitri Chostakovitch nous ponde un opéra sur le Nombril, s’il le peut encore.

Mais justement ce film manque quelque chose, manque un objectif. Il ne touche pas le cœur du problème mais simplement la vessie. Et quand je dis la vessie… Le cœur c’est le plaisir immense qu’un public peut retirer d’une performance de théâtre quelle qu’elle soit, même au cinéma, à condition qu’elle leur torde et triture les tripes de la façon la plus exquise et mortelle qui puisse être. Ça c’est le grand Molière. On nous a donné un vulgaire Sganarelle. Amusant, mais le coup du balai on l’a déjà vu dans le film « Molière » d’Ariane Mnouchkine et remplacer le coup du balai par la fosse sceptique qui pue, ce qui est difficile à rendre à l’écran, c’est plutôt scatologique sans s’assumer vraiment. Rebouchez tout s’il vous plait.

 AMEN.

Dr Jacques COULARDEAU



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