Sunday, October 30, 2016

 

Plus agile de leurs appendices que de leur esprit, les philosophes!

ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT – LE LILBERTIN – BERNARD MURAT - 2007

La pièce est légèrement trop longue. Il est vrai qu’un libertin ça libertine mais là le libertinage est un peu en roue libre parfois et la route comme monte ici et là ce qui rend la roue libre un peu poussive.


L’idée de base est amusante : peindre le grand, le célèbre, l’inénarrable Denis Diderot en philosophe mécéné par un quelconque noble et qui s’adonne à son passe-temps favori puisqu’il n’a pas de soucis d’argent, la philosophie qui est le farniente corporel et la surchauffe mentale d’un part et d’autre part à une sexualité débridée faite de courtisaneries et de libertineries, toutes activités musculaires, musculantes et musculatoires, et encore pas tous, les muscles, et faites de plaisirs de bouche, et là tous vraiment. A misère sociale il faut des mots nouveaux pour guérir les maux anciens. Et la misère sociale chez notre Denis est qu’il est entretenu par la noblesse qu’il est sensé exécrer mais qu’il tolère largement tant qu’elle paie.


Alors entre une escroque qui se dit peintre, l’épouse légitime, la fille, une amie de la fille et son « assistant », sans compter le chat de l’antichambre, il est très occupé, et encore on nous épargne une petite aventure de tendresse avec l’assistant, ce qui aurait changé de la sauce baroquement perpétuelle de sa cour facile, et de ses tentatives successivement interrompues. Avec Diderot le coïtus ne risque pas de porter de fruits : il est interrompu plus souvent que de coutume.


On apprend que l’éthique renvoie à la morale et que la morale renvoie à l’éthique. On appelle cela un cercle vicieux, ce qui est un comble pour morale et éthique. Je vous dis pas à quoi vertu va renvoyer, à petite probablement, et petite renverra à culotte, et on aura un nouveau cercle vicieux, la quadrature du cercle en quelque sorte en ajoutant que culotte renvoie naturellement à sans-culotte. Et envoyez nous un air de Carmagnole, et deux ou trois milles aristocrates à la guillotine.

A force d’être sérieusement un philosophe dilettante et un amant inachevé Diderot risque fort de finir comme un renard belge. Si vous ne savez pas la spécialité du renard belge, demandez donc aux Wallons, ils vous diront s’ils se rappellent qu’ils nous doivent bien cela puisque ils ont volé les pinderlots del Castafiore entre le château de Moulinsart et la Boucherie Sans-Os.


Mais que reste-t-il après tout ce charivari amoureux, enfin hormonalement perturbé ? Pas grand-chose sinon quelques bons mots et des aphorismes sans importances puisqu’ils sont débités si vite qu’on n’en entend que les virgules et les pauses. Il est vrai que si les acteurs avaient parlé normalement la pièce aurait duré trois heures. On ne fait plus ça depuis Louis XIV et la Révolution Française a remplacé la roue qui faisait un specatcle d’au moins douze heures, et encore il fallait parfois achever l’acteur sur sa roue qui n’en finissait pas de mourir, par la guillotine qui permet d’étêter cent nobles ou contre-révolutionnaires en environ trois heures et si on a une batterie de cinq guillotines, cela prend encore moins de temps, j’entends moins d’une heure, surtout qu’on a économisé en ce temps sur le prêtre et ses bouffonneries pour mourants programmés. Laissez-les donc mourir ! La première industrialisation, enfin proto-industrialisation, de la peine de mort. Et encore ils auraient pu brancher la machine à vapeur d’un autre Denis, le Papin, pour remonter la lame plus vite. Prochaine étape Allemagne 1933.


Dommage car on peut lui en faire dire des sottises à Diderot et à son Jacques, ce Jacques que l’escroque-peintre a tenté de peindre avant que le Diderot ne passe une robe de chambre, sans chemise et sans pantalon bien sûr, et parfois on pourrait y trouver une perle dans une meule de foin. En d’autres termes la pièce souriante m’a parfois rappelé l’étable des fermes où je passais mes étés : elle m’a remémoré l’odeur du foin et même son goût quand j’étais puni à dormir et manger avec les vaches. Heureusement la laitière ou le vacher venait me consoler la nuit. Et ni l’une ni l’autre n’étaient circoncis


Dr Jacques COULARDEAU




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